Dans le cadre de ce concert spécial "sortie d'album" retrouvez des guests exceptionnels en compagnie du Thierry Maillard Big Band ! Avec notamment : David Linx, Minino Garay, Franck Tortiller et Stephane Belmondo ...
Pianiste, compositeur et arrangeur remarqué, Thierry Maillard a longtemps cultivé un rêve : celui d’enregistrer avec des grandes formations. En 2018, cet aventurier qui n’a pas froid aux yeux a assemblé son premier big band, pour un album salué à juste titre, Pursuit of Happiness. Non content d’avoir repoussé les limites de sa musique, cet infatigable créateur a décidé d’aller encore plus loin sur sa nouvelle production. « J’ai voulu proposer quelque chose de plus fort et de plus fou » explique-t-il.
Le résultat ? Zappa Forever, un double album aussi gonflé qu’abouti, inspiré par l’inclassable américain disparu en 1993.
« J’ai découvert sa musique à l’âge de 14-15 ans par l’intermédiaire d’un copain guitariste qui écoutait aussi bien Led Zeppelin que Queen ou Frank Zappa. » Le pianiste chope définitivement le virus après avoir entendu les œuvres instrumentales du maître dirigées par Pierre Boulez. « Jamais un guitariste, chanteur et compositeur issu du rock n’est jamais allé aussi loin » s’en- flamme Maillard, qui tire là une grande inspiration pour son propre travail.
Plus de trois décennies plus tard, Zappa Forever atteste de la singularité de ce pianiste au pedigree aussi jazz que classique qui a décidé voici quelques années d’explorer le binaire avec la même gourmandise. « J’ai sou- vent été en marge à cause de cela » explique-t-il aujourd’hui. Encouragé par l’enthousiasme avec lequel son premier big band a été reçu il y a une poignée d’années, Thierry Maillard s’embarque, muni d’une boussole zappaïenne, dans une aventure plus folle que toutes celles qu’il a menées ces dix dernières années, et qui se lit comme une synthèse entre toutes.
« J’ai pensé à Frank Zappa en composant l’album, tout en choisissant de rester sur les souvenirs que j’avais de son œuvre plutôt que de la réécouter. Sa musique est bien ancrée en moi » confie le musicien.
Pour lui, Zappa Forever représente une manière d’aboutissement artistique. « Nous avons essayé de créer une communauté de musiciens comme il en existait dans les années 1970. Tant qu’à jouer une musique difficile, autant le faire avec un bon esprit. » Pour ce faire, Maillard élargit son big band à 16 musiciens, s’ad- joignant les services de 3 trombones, 3 trompettes et 5 saxophones.
« J’avais aussi envie d’intégrer quelques instruments classiques comme la clarinette ou la flûte. Et il me fallait des marimbas et un vibraphone, si essentiels chez Zappa. »
Avec la participation de sept invités prestigieux (Camille Bertault, chant ; Chris Potter, sax ténor ; Gilad Hek- selman, guitare ; Stéphane Belmondo, bugle ; Franck Tortiller, marimba et vibraphone ; David Linx, chant ; Rhani Kriha, percussions) l’ensemble de 23 instrumentistes part enregistrer chez Philippe Gaillot, dans son fameux studio de Pompignan (Gard).
« Chacun s’est investi à fond dans le projet, au rythme de deux titres par jour ».
L’osmose instrumentale est à son acmé pendant les cinq jours de prises effectués en août dernier à l’issue de plusieurs mois d’une exigeante préparation en amont. De 9h30 à 19h chaque jour, dopés par de bons petits plats et de fins vins, les musiciens apportent une contribution décisive.
« J’apporte la matière brute et chacun vient avec sa personnalité. D’autant plus lorsqu’il s’agit de solistes aussi reconnus que les invités de l’album, des gens irremplaçables. »
Morceau d’ouverture, Zappa Forever, long de près de 14 minutes, donne le ton de cet album à la folie virtuose, à mille lieues du conservatisme de la musique actuelle. L’audace et l’humour se prolongent sur la durée d’un double album, format aussi inattendu que réjouissant de nos jours. « J’ai décidé d’aller au bout du projet » confirme ainsi Thierry Maillard, compositeur, arrangeur et pianiste de cette œuvre superlative qui risque fort de détonner dans le paysage musical. Très dense, la musique prend des détours lyriques sans jamais perdre de vue le goût de la provocation d’un artiste résolument inclassable au sein de la scène jazz française.
« Celle-ci me vient de Zappa lui-même, qui était autant révolutionnaire dans son apparence, dans ses textes que dans ses compositions. Aujourd’hui, 25 ans après sa disparition, son génie ne fait plus l’ombre d’un doute. »
Thierry Maillard peut être fier de ce clin d’œil appuyé vers le musicien qui l’a autant marqué, dont il restitue la signature rythmique à plusieurs reprises sur l’album Zappa Forever. Son ambition ? Emmener ce big band
sur les routes du monde d’ici à l’horizon 2022.
« Ce disque réunit une somme de musique que j’aurais pu disperser sur plusieurs albums, cela mérite bien que je m’y attarde deux bonnes années ! »